Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/101

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sa lucidité d’esprit et examinait froidement la situation.

Lorsqu’un combat a lieu dans une ville, les combattants sont forcément éparpillés : le dessin des rues, leur peu de largeur, les contraignent à se diviser. La bataille se morcelle, ses mouvements n’ont plus d’unité, chaque rue, chaque carrefour a son combat spécial et isolé, ignorant les phases des luttes voisines.

Le prince de Nagato comprit tout de suite l’avantage que lui offrait cette disposition de la bataille. Sa petite troupe, nulle dans la plaine où son exiguïté aurait été à découvert, par un élan impétueux pouvait produire un heureux effet en surprenant l’ennemi par derrière, en jetant peut-être la confusion dans ses rangs.

Le prince se décida vite, il poussa un cri pour rallier ses hommes qui, à grand’peine, étaient parvenus à le rejoindre, puis il lança son cheval sur l’autre versant de la haute colline et cria :

— Suivez-moi.

La descente était des plus périlleuses, mais l’énergie des hommes semblait se communiquer aux chevaux : ils arrivèrent jusqu’au bas de la pente sans accident, puis s’engouffrèrent, avec une impétuosité formidable, dans la rue la plus encombrée de soldats.

Le bruit produit par ce galop précipité sur