Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/128

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— Plus tard, dit à son tour le ministre de la Main-Gauche, Hiéyas est aujourd’hui hors de notre atteinte.

— Réunissez tous les guerriers, tous les princes, tous les ministres, s’écria alors le mikado, je veux leur dire ma volonté.

On n’avait rien à objecter. Mais la surprise était grande, le mikado ayant une volonté, manifestant le désir de faire un discours, une pareille chose ne s’était pas vue depuis que Yoritomo, sous le règne de Tsoutsi-Mikado, avait repoussé l’invasion des Mongols et reçu pour ce beau fait le titre de siogoun. Depuis ce temps les siogouns avaient régné au nom des mikados, qui jamais n’avaient songé à reprendre le sceptre confié par eux à d’autres mains. Est-ce que le véritable maître se réveillait enfin de sa longue torpeur, est-ce qu’il songeait à ressaisir le pouvoir et à gouverner lui-même son royaume ? Les ministres se regardaient les uns les autres, vaguement effrayés, quelques-uns d’entre eux favorisaient secrètement Hiéyas, d’autres étaient fidèles à la dynastie des mikados, mais ils manquaient d’énergie et craignaient toute révolte contre ceux qui étaient les maîtres de l’armée.

Mais puisqu’il prenait au fils des dieux la fantaisie de commander, on ne pouvait se dispenser d’obéir. On se hâta de réunir les