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Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/145

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Il éloigna Tika par un geste qui ne souffrait pas de réplique ; puis, il s’avança vers Fatkoura et la regarda fixement.

— Tu es bien décidée à me résister toujours ? lui dit-il après un silence.

— Toujours, et à te haïr autant que je te méprise.

— C’est là ton dernier mot ? réfléchis encore.

— Je n’ai pas à réfléchir, je t’ai haï dès que je t’ai vu, je te haïrai jusqu’à ma mort.

— Eh bien ! s’écria le prince d’une voix terrible, je saurai te contraindre à devenir ma femme.

— Je t’en défie, dit Fatkoura qui ne baissa pas les yeux devant le regard du prince.

— Je te vaincrai, je le jure, comme j’ai vaincu ton fiancé.

Fatkoura eut un sourire moqueur.

— Oui, continua le prince, tu as lassé ma patience ; mon amour m’avait rendu clément, timide, craintif même. Je suppliais, je pleurais, j’attendais ! Je laissais à ta douleur le temps de se cicatriser. Tes refus enflammaient ma tendresse, je m’emportais, puis je m’humiliais. Mais je suis las de cette longue torture ; les prières sont terminées : plus de douceur, plus de larmes, c’est toi désormais qui pleureras, qui supplieras. Une dernière fois, veux-tu m’aimer ?

— Vraiment tu as une âme étrange, dit