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Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/166

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étendues nonchalamment sur des coussins, au milieu des plis nombreux de leurs toilettes, des femmes gracieuses apparaissaient à la clarté douce des lumières. On voyait luire les broderies de leur kirimon et les grandes épingles rayonnantes de leurs coiffures. Des seigneurs étaient près d’elles, leur disant mille folies dont elles riaient en renversant un peu la tête. De longs serpents lumineux dansaient sur l’eau.

À l’endroit le plus large du fleuve, là où les berges sur un long espace sont taillées en vastes gradins, des pièces d’artifice étaient disposées sur des radeaux : on attendait pour les allumer l’arrivée de la cour. Une foule immense, tapageuse et pleine de joie était échelonnée sur les gradins des rives et regardait la fête. Les spectateurs, les uns debout, les autres assis ou couchés, avaient tous avec eux une lanterne et participaient à l’illumination. Les tonneaux de saké ne manquaient pas : on les faisait dégringoler du haut des berges ; ils roulaient, rebondissaient au milieu des cris et des rires. Quelques-uns tombèrent à l’eau, ce fut toute une comédie pour les rattraper ; plusieurs sombrèrent ; néanmoins, tout le monde fut bientôt ivre.

Fidé-Yori assistait incognito à la fête. Il montait, avec le prince de Nagato. Une bar-