Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/185

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miration. Elle s’assit lentement, et lorsqu’elle fut installée, on aperçut debout derrière elle un guerrier masqué.

Mais on entendait de vagues frissons de gongs, quelques roulades de flûtes, quelques coups étouffés frappés sur les tambourins. Les musiciens prenaient leurs instruments : on allait donc commencer.

Le public se retourna vers la scène ; elle était fermée par une toile couverte de losanges et au centre de laquelle apparaissait, sur un disque rouge, un gigantesque caractère chinois : c’était le nom de la Toupie-Ronflante, l’acteur fameux qui n’avait pas son pareil. Un riche marchand de soieries lui avait dédié cette toile ; elle ne devait être remplacée que le jour où la Toupie-Ronflante serait surpassé ou égalé par un de ses confrères.

Le rideau s’agita, et un homme, le soulevant un peu, passa par dessous. Dès qu’il apparut, le brouhaha qui emplissait la salle cessa brusquement. L’homme saluait le public avec toute sorte de simagrées. Il était vêtu comme un riche seigneur et tenait entre ses mains un rouleau de papier qu’il commença à dérouler.

On attendait ses paroles dans un silence profond. Cependant tous savaient bien que personne n’en pourrait démêler le sens, car