Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/208

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blait que ses bras allaient être arrachés des épaules ; ses mains s’écorchaient en glissant contre la corde ; elle descendait rapidement. Mais tout à coup un des nœuds de la soie s’étira sous le poids de la jeune fille et la corde cassa.

Elle tomba dans la neige ; son corps y fit un trou qui l’engloutit presque entièrement. Mais la chute avait été amortie, Omiti se releva, elle ne ressentait aucune douleur hormis une subite lassitude. Après avoir secoué la neige qui la couvrait tout entière, elle traversa le jardin et gagna la palissade. Par bonheur la porte n’était fermée que par un grand verrou rond ; après quelques efforts Omiti parvint à le tirer.

Elle était sur la plage, hors de cette maison funeste, libre enfin ! Le vent violent de la mer, dont elle entendait le grondement monotone, la frappait au visage. Elle se mit à courir, s’enfonçant jusqu’à la cheville dans l’épaisse couche de neige, la soulevant en poussière.

Elle avait une si grande hâte d’être loin de l’auberge, qu’au lieu de tourner l’angle de la maison et de prendre la rue sur laquelle s’ouvrait la façade, elle suivit la palissade du jardin, qui cessa bientôt et fut remplacée par un mur bordant un autre enclos.

— j’entrerai dans la ville par la prochaine