Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/249

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canaux. Seuls, Signénari et Yoké-Moura étaient encore hors d’Osaka, l’un dans la plaine, l’autre sur la colline.

Quand la nuit fut tout à fait venue, un homme s’avança au pied de la colline de Yoka et demanda à parler au général Sanada-Sayemon-Yoké-Moura de la part de Hiéyas.

On l’introduisit sous la tente du guerrier.

Yoké-Moura reconnut un de ses anciens compagnons d’armes.

— Tu viens de la part de Hiéyas ? toi ! s’écria le général d’un ton plein de reproches.

— Oui, ami, je crois au génie puissant de cet homme ; je sais à quel point son triomphe serait utile au pays, et pourtant, maintenant que je suis en ta présence, j’ose à peine exprimer la proposition que je suis chargé de te faire.

— Est-elle donc honteuse ?

— Voici, tu en jugeras : Hiéyas est pénétré d’estime pour ta valeur, et il pense que triompher de toi serait pour lui une défaite, car ta mort priverait le pays de son meilleur guerrier. Il te propose de te rallier à lui. Tes conditions seraient les siennes.

— Si Hiéyas a vraiment de l’estime pour moi, répondit Yoké-Moura, pourquoi feint-il de croire que je suis capable de me vendre ? Tu peux lui dire que me donnât-il la moitié