Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/254

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leur exemple, par leurs paroles, et nous pouvons encore triompher.

— C’est moi-même qui me mettrai à la tête de l’armée, s’écria Fidé-Yori, On tirera de leurs fourreaux de velours les insignes qui précédaient mon illustre père dans les combats, les courges dorées emmanchées à une hampe rouge, qui ont toujours été, partout où elles apparurent, un signal de victoire ; ce souvenir de Taïko-Sama enthousiasmera les soldats ; il leur rappellera les triomphes anciens, les batailles glorieuses remportées à son ombre. Ce talisman nous protégera si remplira d’effroi le parjure Hiéyas, en évoquant devant ses yeux l’image de celui dont il a trahi la confiance.

Les chefs retournèrent vers leurs soldats, afin de les préparer à la bataille décisive du lendemain. Fidé-Yori, lui, courut vers sa fiancée.

— C’est peut-être la dernière journée que nous passons ensemble, disait-il, je n’en veux pas perdre une seconde.

— Que dis-tu, seigneur ? disait Omiti, si tu meurs, je mourrai aussi, et nous serons réunis pour ne plus nous quitter.

— N’importe, disait le roi avec un sourire triste, j’aurais voulu que sur cette terre notre bonheur fût un peu plus long. J’ai été malheureux si longtemps, heureux un si petit