Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle releva les yeux vers le seigneur de Toza, doutant de ses paroles,

— Tu me caches la vérité, dit-elle avec une effrayante intensité de regard, tu veux me préparer au coup fatal, il est mort ?

— J’ai parlé avec franchise, dit Toza ; il sera pris vivant. Mais je veux te donner un conseil : oublie cet homme, ajouta-t-il, irrité par la douleur de Fatkoura.

— Moi, l’oublier ! s’écria-t-elle en joignant les mains.

— Il le faut. Tout est fini pour lui. Crois-tu que je lui rende la liberté, à celui que Hiéyas déteste au point de faire le premier du royaume l’homme qui le délivrera de cet adversaire, celui qui nous a tous humiliés par son luxe, par son esprit, par sa beauté, celui que tu aimes enfin, et qui est mon rival, puisque je t’aime ?

— Tu m’aimes ! s’écria Fatkoura avec horreur.

— Oui, soupira le prince, et j’étais venu pour te dire de douces paroles ; mais tu m’as entraîné à parler de choses que je voulais taire. Je sais bien que mon amour te sera odieux d’abord ; mais il faudra t’y accoutumer ; il n’a rien d’offensant pour toi, Je suis libre et je t’offre d’être mon épouse. Songe que le prince de Nagato n’existe plus.

Toza se retira pour ne pas entendre la ré-