Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/36

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— Est-elle devenue folle ? se dit Tika.

— Sortons, continua Fatkoura ; tâchons de savoir dans quelle partie du palais il est enfermé.

— Y songes-tu, maîtresse ? à l’heure qu’il est ? le soleil n’a pas encore bu les vapeurs du matin, on se défiera de nous si l’on nous voit nous promener si tôt, d’autant plus que depuis que nous sommes ici tu n’es pas encore sortie une seule fois de ton appartement.

— N’importe, tu dirais que la fièvre m’a chassée de mon lit. Allons.

Fatkoura descendit dans le jardin et se mit à marcher devant elle, l’herbe était toute mouillée, les arbres, les buissons baignaient dans une atmosphère rose qui se confondait avec le ciel, les plus hautes toitures de la grande tour du château recevaient déjà les rayons du soleil et brillaient, humides de rosée.

Tika suivait sa maîtresse. Elles arrivèrent à la palissade qui entourait leur enclos particulier, la porte n’était fermée qu’au loquet, les prisonnières étaient libres dans la forteresse bien gardée.

Les soldats qui avaient amené le prince de Nagato campaient dans les allées du parc ; la plupart dormaient à plat ventre, la tête dans leurs bras ; d’autres, accroupis autour d’un