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Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/56

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Le peuple envahit les collines, les tours des pagodes, tous les lieux élevés.

Fidé-Yori lui-même monta avec quelques courtisans au dernier étage de la grande tour des Poissons d’or, au centre de la forteresse.

De là il voyait dans la plaine les soldats d’Aroufza, huit mille hommes environ, et plus loin, dénoncés par quelques miroitements des armes et des cuirasses, les ennemis campés près d’un petit bois. Du côté de la mer, dans la baie, la flotte de guerre finissait d’appareiller ; plus près, les rues de la ville, coupées d’innombrables canaux pareils à des rubans d’azur, étaient remplies d’une foule anxieuse. Les travaux avaient été suspendus ; tout le monde attendait.

Les troupes ne bougeaient pas.

Fidé-Yori se lassait de regarder : une sourde irritation commençait à gronder en lui. Il fit demander Yoké-Moura.

— Le général est introuvable, lui répondit-on, son armée est sous les armes, prête à sortir au premier signal, mais jusqu’à présent deux mille hommes seulement ont quitté la forteresse.

Enfin, vers le soir, l’ennemi fit un mouvement. Il s’avança du côté de la ville. Aussitôt les soldats placés sur la colline par Yoké-Moura descendirent impétueusement. Quel-