Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/60

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— Ils sont perdus alors ! dit le siogoun. Pardonne-moi, le plus brave de mes guerriers, d’avoir un instant douté de toi, mais pourquoi ne m’as-tu pas prévenu de ce qui allait se passer ?

— Maître, dit le général, les espions sont partout : il y en a dans la forteresse, dans ton palais, dans ma chambre. Un mot surpris, et ils étaient prévenus. Au moindre bruit, l’oiseau qu’on voulait prendre s’envole.

Personne ne s’avançait plus hors du souterrain.

— Ils croient pouvoir s’échapper, disait Yoké-Moura ; ils vont revenir lorsqu’ils s’apercevront que la retraite leur est coupée.

Bientôt, en effet, des cris de détresse se firent entendre. Ils étaient tellement déchirants que Fidé-Yori tressaillit.

— Les malheureux ! murmura-t-il.

Leur situation était horrible, en effet : dans cet étroit couloir, où deux hommes pouvaient à peine s’avancer de front, où on respirait mal, ces soldats éperdus, fous de peur, se poussaient, s’écrasaient dans l’obscurité, voulant à tout prix de la lumière, fût-ce celle de la nuit, qui leur eût paru brillante à côté de cette ombre sinistre.

Une poussée terrible fit jaillir quelques hommes hors du souterrain, ils tombèrent sous le glaive des soldats.