Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/64

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souterrain sous la ville et sous les fossés pour pénétrer dans la forteresse ; il la savait imprenable de vive force, et cette tentative hardie pouvait réussir. La perte des deux mille soldats pris à l’île de la Libellule l’avait contrarié ; mais le succès du général Atiska s’emparant d’un village tout proche d’Osaka, le consola. Il attendait impatiemment l’issue de l’aventure assis sous sa tente, regardant devant lui l’océan qui secouait ses jonques de guerre. La mer était très-houleuse ; un vent de tempête soufflait du large et soulevait de hautes vagues dont les cimes aiguës écumaient.

Il ne faisait pas bon pour les petites embarcations, pour les bateaux de pêcheurs.

La flotte du prince de Nagato justement était en mer.

Elle était partie de Soumiossi dans l’intention de se rapprocher du point occupé par l’ennemi pour voir s’il était en force et si vraiment Hiéyas s’était avancé jusque-là. Nagato ne voulait pas le croire.

Mais le vent se leva et brusquement devint furieux.

— Cinglons vers la terre, et promptement, s’écria Raïden en regardant l’horizon duquel s’élevaient comme des montagnes des nuages couleur d’ardoise.