Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/81

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jurerais que cette tête a été coupée sur ses épaules, se disait Raïden stupéfait.

Nagato, douloureusement ému, avait saisi la main du malelot dans un mouvement nerveux.

— Mon pauvre Sado ! murmurait-il, dévoué jusqu’à la mort, tu l’avais dit !

Hiéyas, le front penché, regardait avec avidité cette tête sur ses genoux.

— C’est lui ! c’est lui ! disait-il, il est vaincu enfin, il est mort celui qui m’a si souvent insulté et qui toujours échappait à ma vengeance ! Oui, tu es là immobile, effrayant, toi que les femmes suivaient du regard en soupirant, que les hommes enviaient tout bas et s’efforçaient d’imiter. Tu es plus pâle encore que de coutume, et malgré l’expression méprisante que tes traits gardent encore, tu ne mépriseras plus personne, ton regard ne se heurtera plus au mien comme un glaive contre un glaive, tu ne te mettras plus en travers de mon chemin. Tu étais un noble cœur, un grand esprit, je l’avoue, par malheur tu n’as pas su comprendre combien mes projets étaient désintéressés et utiles au pays. Tu t’es dévoué à une cause perdue et j’ai dû te briser.

— Vraiment ! murmura Raïden.

Le messager raconta comment la capture du prince et son exécution avaient eu lieu.