Page:Gautier - L’Usurpateur, tome 2.djvu/86

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fuir du coté de Kioto. Si nous ne sommes pas morts, nous serons dans la ville sacrée avant le lever du soleil.

— Très-bien ! dit Loo, entrons dans le camp de Hiéyas, j’ai mon idée.

— Nous sommes prêts à te suivre, dirent les matelots ; notre vie t’appartient.

— Ce camp est mal gardé d’ailleurs, dit le prince, l’entreprise peut réussir, l’obscurité nous dérobera aux yeux de nos ennemis, le bruit du vent agitant les feuilles empêchera d’entendre le bruit de nos pas. Nous passerons peut-être. Une seule chose me chagrine, c’est que nous n’ayons pas le temps de dérober la tête du brave serviteur qui est mort pour moi, afin de l’ensevelir avec le respect qu’il mérite.

— Quelle tête ? demanda Loo tout bas à Haïden.

— Je te dirai ce que j’en sais, chuchota le matelot.

— Séparons-nous, dit le prince, nous avons plus de chances un à un d’être inaperçus ; si nous devons nous retrouver ce sera de l’autre côté du bois. Que les Kamis nous protègent !


Les matelots se dispersèrent. L’obscurité étant profonde, ils disparurent brusquement.

Loo était resté à côté de Raïden, il l’interrogeait sur tout ce qu’il avait vu dans le