Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/61

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de la corruption romaine et fait pressentir les prodigalités impériales. Les hommes illustres du siècle d’Auguste, Tite-Live, Vitruve, Mécènes, Agrippa, Drusus, Catulle, Tibulle, Properce, Virgile, Ovide, etc., marchent devant et amènent jusqu’au fond de la croix, à la place occupé par le Sermon sur la montagne.

La frise contient à cet endroit l’entrée triomphale de Jésus-Christ à Jérusalem. Il a pour monture l’ânesse traditionnelle suivie de son ânon. Les apôtres, les premiers martyrs l’entourent, ayant à la main des palmes et des branches d’olivier. Cette scène se passe dans un bois de palmiers ; des enfants, grimpés dans les rameaux, les détachent et les jettent sur les pas du Sauveur.

Le triomphe de la doctrine couronne ainsi son exposition. La ville reçoit dans son sein le discoureur de la montagne.

Tout ce que l’on peut tirer de la poésie, de l’art et de la philosophie, l’humanité l’a obtenu : il lui manque encore la beauté morale que le Christ va lui donner.

Au tableau des Catacombes, où les Chrétiens prient dans l’ombre, tandis qu’une pompe guerrière passe sur leurs têtes, se superpose comme un troisième lit géologique, une orgie impériale où l’on voit Néron qui joue de la lyre au milieu d’un monde de femmes échevelées, de courtisanes nues, d’enfants asiatiques couronnés de roses, de bateleurs et d’histrions se contournant en postures folles, d’esclaves versant le falerne dans des coupes d’onyx et portant des mets sur des plats d’or. La saturnale de Néron est engagée dans les détours de la voie Appienne, bordée de débris de colonnes, de ruines qui s’écroulent ; le fond est rougi par l’incendie de Rome, les massacres et les supplices. Un peu