Page:Gautier - L’art moderne, Lévy, 1856.djvu/75

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Plus à gauche, mais toujours sur le même plan, à l’exception de deux personnages qui ont descendu, comme plus modernes, une des marches du grand escalier sur les degrés duquel s’étage la composition, on remarque saint Paul prêchant sinon de vive voix, du moins par sa doctrine transmise, les docteurs Jérôme, Augustin, Ambroise et saint Grégoire, auteur du chant grégorien dont un oiseau semble lui souffler à l’oreille les mélodies célestes.

Par derrière vient la foule des martyrs sortant d’une arcade basse pratiquée sous ce que nous appellerons, faute d’un meilleur terme, la loge des prophètes : sainte Marguerite avec sa roue, saint Laurent avec son gril, saint Barthélémy portant sa peau sur son bras, etc.

De l’arcade ouverte sous les sibylles sortent confusément les barbares Sarrasins : Mahomet, dont le pigeon révélateur becquette l’oreille, fait le pendant du pape Grégoire et de son oiseau. A côté du prophète, Amrou incendie la bibliothèque d’Alexandrie d’après les ordres du farouche Omar. Le Verbe Chrétien serait en danger de périr si Pélage avec sa lance et Charles Martel avec son marteau n’arrêtaient, dès les premières marches, l’avalanche envahissante.

Mais les Sarrasins brûlent les manuscrits et les livres à droite, consolez-vous, voici à gauche un groupe de moines Bénédictins et autres qui, accroupis sur les marches, transcrivent sur le parchemin les précieux restes de la pensée antique, et assurent ainsi la transmission du Verbe. Tandis que le monde barbare fourmille et s’agite autour d’eux, recueillis dans leurs cellules tranquilles et dans les cloîtres blancs, ils travaillent en silence, exécutent ces merveilles calligraphiques, ces livres historiés