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INTRODUCTION

le perdre. Cependant, dans sa Chrestomathie de l’ancien français[1], M. Bartch faisait une chose plus hardie. Il ne craignait pas d’insérer dans le texte même du Roland ces additions nécessaires que M. Müller avait empruntées aux autres manuscrits[2], mais qu’il avait timidement laissées dans ses notes. L’exemple de M. Bartsch nous a encouragé à entreprendre une édition véritablement critique, dont il a si vaillamment donné le premier exemple. Vers le même temps, M. Paul Meyer combattait avec quelque vivacité le premier volume des Épopées françaises[3], et attaquait principalement leur auteur sur trois points difficiles : les origines germaniques de nos épopées, l’existence des cantilènes, le fondement de la versification rythmique[4]. Si discutables, si obscures que fussent ces questions, un jeune élève de l’École des Chartes ne craignit pas de les aborder dans une Thèse consacrée à « la forme et à la composition des Chansons de geste ». M. Camille Pelletan[5] publiera prochainement son travail. C’est alors que parut aussi le Catalogue raisonné des livres de la Bibliothèque de M. Ambroise Firmin Didot[6]. Ce Catalogue est, sous une apparence modeste, un véritable traité de nos Chansons de geste, où l’on s’est surtout proposé d’exposer la filiation de nos romans et la formation de nos cycles. « L’Idée politique dans les chansons de geste, » tel est le titre d’un article qui fut, le 1er juillet 1869, publié dans la Revue des questions historiques[7]. On y discutait longuement le caractère germanique de nos vieux poëmes, et l’on s’attachait à prouver cette thèse d’après la procédure du plaid de Ganelon. Deux ans auparavant nous avions consacré une Étude spéciale à l’examen de l’Idée religieuse dans la poésie épique du Moyen

  1. À Leipzig, chez Vogel, 1866. (V., aux col. 27-40, la « Mort de Roland ».)
  2. V. notamment les vers 29-35 de la col. 34.
  3. Bibliothèque de l’École des Chartes, 27e année, pp. 28 et ss. — 28e année, pp. 304 et ss., et, en particulier, pp. 322-342.
  4. Cf. la Lettre à M. Léon Gautier, sur la versification latine rythmique, par G. Paris. Paris. A. Franck, 1866.
  5. Thèses de l’École des Chartes, 1867-1868.
  6. Chez Didot, 1re livraison, 1867. 2e livraison, 1870.
  7. 13e livraison.