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LA CHANSON DE ROLAND


XLVIII


Voici venir un païen, du nom de Valdabron ;
C’est lui qui, pour la chevalerie, fut le parrain du roi Marsile ;
Clair et riant, a dit à Ganelon :
« Prenez mon épée, aucun homme n’en a de meilleure,
« Et dans sa poignée il y a plus de mille mangons :
« Je vous la donne par amitié, beau sire ;
« Mais aidez-nous contre Roland le baron,
« Et faites que nous puissions le trouver à l’arrière-garde.
« — Ainsi sera-t-il fait, » répond le comte Ganelon.
Et tous les deux se baisent à la joue et au menton.


XLIX


Voici venir un païen, Climorin,
Qui, clair et riant, a dit à Ganelon :
« Prenez mon heaume : je n’en vis jamais de meilleur.
« Mais aidez-nous contre Roland le marquis,
« Et donnez-nous le moyen de le déshonorer.
« — Ainsi sera-t-il fait, » répond Ganelon.
Puis ils se baisent à la joue et sur la bouche.


L


Voici venir la reine Bramimonde :
« Sire, dit-elle à Ganelon, je vous aime grandement :
« Car mon seigneur et tous ses hommes ont pour vous grande estime.
« Je veux à votre femme envoyer deux bracelets ;
« Ce ne sont qu’améthystes, jacinthes et or :
« Ils valent plus, à eux seuls, que tous les trésors de Rome :