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LA CHANSON DE ROLAND

« Et certes votre empereur n’en eut jamais de pareils. »
Ganelon les prend ; dans sa botte il les serre...


LI


Le roi Marsile appelle son trésorier Mauduit :
« As-tu disposé les présents que je destine à Charles ?
« — Oui, Sire, ils sont tout prêts, répond le trésorier.
« Sept cents chameaux sont là, chargés d’or et d’argent,
« Et vingt otages, des plus nobles qui soient sous le ciel. »


LII


Marsile tient Ganelon par l’épaule :
« Tu es très-vaillant, lui dit-il, et très-sage ;
« Mais, au nom de cette loi qui est la meilleure aux yeux des Chrétiens,
« Ne t’avise point de changer de sentiment pour nous.
« Je te donnerai largement de mes trésors :
« Oui, dix mulets chargés de l’or le plus fin d’Arabie ;
« Et chaque année je te ferai pareil présent.
« Cependant prends les clefs de cette vaste cité,
« Et présente de ma part tous ces trésors à Charles.
« Mais surtout fais placer Roland à l’arrière-garde.
« Si je le puis trouver aux défilés et aux passages,
« Je lui livrerai une bataille à mort.
« — M’est avis que je tarde trop, » s’écrie Ganelon.
Alors il monte à cheval, et entre en son voyage...


LIII


L’empereur Charles approche de son royaume :
Le voilà arrivé à la cité de Galne,
Que, jadis, le comte Roland a prise et ruinée.