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LA CHANSON DE ROLAND

« Félons païens furent mal inspirés de venir aux défilés :
« Je vous jure que, tous, ils sont jugés à mort ! »


LXXXIV


« — Ami Roland, sonnez votre olifant :
« Charles l’entendra et fera retourner la grande armée.
« Le Roi et ses barons viendront à notre secours.
« — À Dieu ne plaise, répond Roland,
« Que mes parents jamais soient blâmés à cause de moi,
« Ni que France la douce tombe jamais dans le déshonneur !
« Non, mais je frapperai grands coups de Durendal,
« Ma bonne épée, que j’ai ceinte à mon côté.
« Vous en verrez tout le fer ensanglanté.
« Félons païens sont assemblés ici pour leur malheur :
« Je vous jure qu’ils seront tous livrés à mort ! »


LXXXV


« — Ami Roland, sonnez votre olifant.
« Le son en ira jusqu’à Charles qui passe aux défilés,
« Et les Français, j’en suis certain, retourneront sur leurs pas.
« — À Dieu ne plaise, lui répond Roland,
« Qu’il soit jamais dit par aucun homme vivant
« Que j’ai sonné mon cor à cause des païens !
« Je ne ferai pas aux miens ce déshonneur.
« Mais quand je serai dans la grande bataille,
« J’y frapperai dix-sept cents coups :
« De Durendal vous verrez le fer tout sanglant.
« Français sont bons : ils frapperont en braves ;
« Les Sarrasins ne peuvent échapper à la mort !