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LA CHANSON DE ROLAND

Anséis meurt ; il a fini son temps,
Et les Français : « Baron, disent-ils, quel malheur ! »


CXX


Par tout le champ de bataille va et vient Turpin l’archevêque ;
Jamais tel prêtre ne chanta messe
Et ne fit telles prouesses de son corps :
« Que Dieu te maudisse ! crie-t-il au païen :
« Celui que mon cœur regrette, c’est toi qui l’as tué. »
Alors Turpin donne l’élan à son cheval,
Et frappe Malquiant sur l’écu de Tolède :
Sur l’herbe verte il l’abat roide mort.


CXXI


D’autre part est Grandogne, un païen,
Fils de Capuel, roi de Cappadoce.
Il a donné à son cheval le nom de Marmore :
L’oiseau qui vole est moins rapide.
Grandogne lui lâche les rênes, l’éperonne,
Et va de toute sa force heurter Gerin ;
L’écu vermeil du Français est mis en pièces et tombe de son cou ;
Son haubert est déchiré,
Et tout le gonfanon du païen lui entre dans le corps ;
Il tombe mort sur un rocher élevé.
Grandogne ensuite tue Gerer, le compagnon de Gerin ;
Il tue Bérenger, il tue Guyon de Saint-Antoine ;
Puis il va frapper Austoire, un riche duc
Qui tient sur le Rhône la seigneurie de Valence.
Il l’abat mort, et les païens d’entrer en grande joie,
Et les Français de s’écrier : « Comme les nôtres meurent ! »