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HISTOIRE D’UN POËME NATIONAL

encore cette élision est-elle laissée à la volonté du poëte et n’est-elle pas constante. Nos pères n’avaient pas l’oreille si délicate aux hiatus, et il en est de très-doux qu’ils supportaient volontiers...

    paignuns que oümes tanz chers (v. 2,178). Oliver sent que à mort est ferut (v. 1,952). Ces vestemenz entresque as chars vives (1,613), etc. — 8o Les règles précédentes s’appliquent également à l’e muet suivi du t étymologique. Tantôt il s’élide, et tantôt non : De noz Franceis m’i semblet aveir mult poi (v. 1,050). Pois est muntez, entret en sun veiage (v. 660). Li quens Rollanz apelet Oliver (v. 1,671). Guardet aval e si guardet amunt (v. 2,235). — 9o On ne peut pas considérer comme une élision ordinaire la perte de l’e initial pour le mot en, dans un cas comme le suivant qui est très-fréquent : « Si’n deit hom perdre e del quir e del peil (v. 1,012). — 10o En un grand nombre de cas, les voyelles muettes disparaissent, au milieu des mots, devant des consonnes. Et ce fait se produit sinon dans l’écriture, au moins dans la prononciation. Averat ne compte jamais que pour deux syllabes. Et les vers suivants ne sont pas faux : durement en hall si recleimet sa culpe (v. 2,014). Si receverez la lei de chrestiens (v. 38). Rumput est li temple por ço que il cornat (v. 2,102). Cuntre le soleill reluisent cil adub (v. 1,808). Si me guarisez e de mort e de hunte (v. 21). Ja est-co Rollanz ki tant vos soelt amer (v. 2,001). Pour rétablir la mesure exacte du vers, il faut prononcer : Durment, recevrez, l’temples, cuntre l’soleil, etc. ═ Chap. III. Du couplet épique. 1o Le Couplet (appelé encore laisse ou vers) est en moyenne, dans le Roland, composé de quinze vers. Nous avons dit qu’il commence ex abrupto et forme une division naturelle du récit. — 2o Le lien qui réunit entre eux tous les vers d’un même couplet, c’est l’Assonance qui, dans le Roland comme dans tous nos anciens poëmes, n’atteint que la dernière voyelle accentuée. — 3o Sont dits féminins les couplets dont tous les vers se terminent soit par un e muet, soit par cet e suivi d’un t, d’un s ou d’un nt. Les autres laisses sont dites masculines. — 4o Nous avons relevé une à une, sans en excepter une seule, toutes les assonances du Roland. Tous les couplets de notre vieux poëme appartiennent à une des vingt-cinq séries que nous allons énumérer : a masculin, ai masculin, an masculin ; a féminin, an et ain féminin ; e et é masculin, è masculin, ei masculin, en masculin, è féminin, e et é féminin (mixte), e et è féminin, ei féminin, en féminin ; — i masculin, i féminin. — o masculin, oe masculin, o féminin ; — u masculin, un masculin, u et un (mixte), u féminin, un féminin, u et un féminin (mixte) ; — 5o Nous allons donner, pour chacune de ces vingt-cinq familles de couplets, le « Dictionnaire complet des assonnances du Roland : » I. Couplets en a masculin (au nombre de huit): a, ab, ad, al alt, alz, alzt, ar, ard, arn, art, arz, as, ast, at, az. (On y rencontre par exception et très-rarement, aill, ais, ait et amps.) — II. Couplets en ai masculin (au nombre de trois) : ai, ais, (eis), ait, aist, (est), aiz. (On y a admis, comme dans les laisses en e masculin, el, elz, er, erf, et ailleurs on y trouve une fois ant.) — III. Couplets en an