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LA CHANSON DE ROLAND

Il en a pitié, il en pleure,
Lui prend les mains, la relève ;
Mais la tête retombe sur les épaules.
Quand Charles voit qu’elle est morte,
Il fait sur-le-champ venir quatre comtesses,
Qui la portent dans un moutier de nonnes,
Et veillent près de son corps jusqu’au jour ;
Puis on l’enterra bellement près d’un autel,
Et le Roi lui fit grand honneur.


CCLXXV


L’Empereur est de retour à Aix.
Le traître Ganelon, tout chargé de ses chaînes de fer,
Est dans la cité, devant le palais.
Des sergents vous l’attachent à un poteau,
Vous lui lient les mains avec des courroies en peau de cerf,
Et vous le battent à coups de bâton et de jougs de bœufs.
Certes il n’a pas mérité meilleur salaire ;
Et c’est ainsi que très-douloureusement il attend son plaid.


CCLXXVI


Il est écrit dans l’ancienne Geste
Que Charles manda les hommes de ses nombreux royaumes.
Ils se rassemblèrent dans la chapelle d’Aix.
Ce fut un grand jour, une grande fête,
Celle du baron saint Sylvestre, s’il faut en croire quelques-uns.
Et c’est alors que commença le procès : c’est ici que vous aurez nouvelles
De Ganelon qui a fait la grande trahison…
L’Empereur ordonne qu’on le traîne devant lui.