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NOTES ET VARIANTES, VERS 994

seignement dans notre poëme sur la hauteur de la lance : cette hauteur d’après tous les documents figurés, était considérable. L’auteur de la Chanson indique, comme par exception, que les Lorrains et les Bourguignons espiez unt forz e les hanstes sunt curtes. (Vers 3080.) Telle serait la dimension et la forme de l’épieu, qui est l’arme de chasse. C’est également par exception que le poëte signale la hanste de l’épieu de Baligant. La hanste fut grosse comme un tinel ; — De sul le fer fust uns mules trusset. (Vers 3153, 3154.) La hanste, d’ordinaire, n’était pas si pesante ni si énorme. Elle se brisait même trop aisément : Fiert de l’espiet tant cum hanste li duret (vers 1322) ; et l’on se rappelle Olivier n’ayant plus au poing qu’un tronçon de bois ensanglanté, ou plutôt, comme le lui dit Roland, un vrai bâton. (Vers 1351 et suivants.) L’amure est en acier, en acier bruni : luisent cil espiet brun, etc. (vers 1043) ; en acier bien fourbi (vers 3482) et bien tranchant. (Vers 1301, 3351.) Mais, par malheur, rien dans notre texte ne nous fait connaître la forme et la dimension de l’amure. Les monuments figurés sont plus complets. (V. les figures 2, 3, 4.) ═ Les meilleures épées se seraient faites à Valence, suivant notre poëme ; mais Valentineis ne joue-t-il pas au vers 998 le même rôle que l’acier vianeis au vers 997 ? Affaire d’assonance. Il convient néanmoins d’observer ici que Rabelais dit, dans son Gargantua (I, 8) : Son espée ne fut valentianne ny son poignart sarragossoys. ═ 2° Bien moins précieuse que l’épée, la lance cependant peut recevoir un nom spécial : du moins l’espiet de l’émir s’appelle Maltet. (Vers 3152.) ═ Au haut de la lance est attaché, est « fermé » le gonfanon ou l’enseigne. (V. les fig. 2, 3, 4.) Le mode d’attache n’est pas spécifié, si ce n’est peut-être

dans un passage des manuscrits de Venise IV et Paris (V. les fig. 2, 3, 4), qui comble une lacune évidente du texte d’Oxford. Il y est question « de clous d’or qui retiennent l’enseigne ». (Müller, p. 95, 96.)