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NOTES ET VARIANTES, VERS 39-42

toutefois qu’elle désigne ici e, tout simplement, l’r n’ayant pas lieu d’être redoublé dans nos futurs. Nous n’avons pas hésité à tenir compte d’une abréviation très-réelle et ineffaçable, qui, très-évidemment, avait un sens dans l’esprit de notre scribe, qui indique d’ailleurs l’étymologie d’une façon très-frappante et a son importance dans l’étude de la phonétique. Nous emploierons partout le même système.

Chrestiens. Partout ce mot est écrit dans le texte d’Oxford avec le Xp (Χρ).

Vers 39.Ses. O. Les formes sis et ses, mis et mes peuvent être considérées comme également bonnes et correctes. À quelques mots d’intervalle, le scribe emploie l’une et l’autre (v. 504 et 505, 544 et 546, etc.), et n’en préfère ouvertement aucune. Nous avons choisi les formes sis et mis, qui sont plus employées et ont l’avantage de se distinguer plus nettement des formes plurielles mes et ses.

Vers 40.Volt. O. Si nous avons partout adopté la forme voelt, ce n’est point parce qu’elle est la plus fréquemment employée dans notre manuscrit (21 fois, en y comprenant les formes voet et voel, qui se rencontrent, la première une, la seconde deux fois. Mais volt est employé vingt fois, et la différence n’est pas appréciable). Non ; si voelt nous a paru préférable à volt, si nous l’avons partout imprimé dans notre texte, c’est que la notation oe se retrouve à peu près uniquement dans la phonétique du même verbe. (La forme voel, voell ou voeill, pour volo, se rencontre quatorze fois dans notre ms., sans qu’aucune autre forme lui fasse concurrence ; voelent, quatre fois ; voellet ou voeillet, six fois.) Il semble qu’après cette constatation, nous n’avions plus à hésiter entre voelt et volt.

Vers 42.Vos. O.

Enveius i. O. E nevus u. Mi. Enveiuns i. G. et Mu. Nous avons ici à établir la « Théorie des 1res personnes du pluriel » d’après le manuscrit de la Bodléienne. Le scribe est loin d’avoir partout employé le même système (en ce cas comme en tant d’autres), et nous pouvons, au contraire, constater dans le poëme d’Oxford les trois systèmes qui se sont partagé les textes du moyen âge. Le premier de ces trois systèmes, le plus ancien et le plus étymologique, est représenté par les formes suivantes : Recevrums (v. 1922) ; fuiums (v. 1910) ; durriums (v. 1805) ; poums (v. 1695), etc. Mais on ne tarda pas à s’écarter de ce premier système, en adoptant deux flexions moins étymologiques. Tantôt on supprima l’s finale qui rappelait si bien la terminaison latine, et l’on eut des formes telles que asaldrum (v. 947) ; metrum (v. 952) ; averum (v. 972) ; purum (v. 1007), etc. etc. D’autres fois, au contraire (et cela dans le même texte), on modifia autrement le premier système : l’s fut conservée et l’m moins fortement prononcée fut changée en n : de là, dans