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NOTES ET VARIANTES, VERS 264

Charles, appelés communément les douze ou treize Pairs de France, qui étaient capitaines de l’Exercice, étaient forts et vaillants. Il y en avait plus de treize, selon ce que je trouve. Premièrement étoient Roland, comte de Cenonta, fils de Milan (sic) et de dame Berthe, sœur du roi Charlemagne ; Olivier, fils de Regnier, comte de Gênes, qui étoit au lit à l’exercice de Charlemagne (sic) ; Richard, duc de Normandie ; Guérin, duc de Lorraine ; Geoffroy, seigneur bourdelois ; Hoël, comte de Nantes ; Oger le Danois, d’Asie ; Lambert, prince de Bruxelles ; Thierry d’Ardenne ; Basin le Gènevois ; Gui de Bourgogne ; Geoffroi de Frise ; le traître Ganelon, qui fit la trahison de Roncevaux ; Solomon, duc de Bourgogne ; Riol du Mans ; Alory et Guillaume d’Estoc (sic) ; Naimes de Bavière, et plusieurs autres qui étaient sujets à Charlemagne. » (V., sur les douze Pairs, les Épopées françaises, II, 123-176.)

Vers 264.Turpins de Reins en est levet del renc. O. Pour le cas sujet, il faut levez. ═ Quant à Turpin, nous n’avons pas ici à parler du véritable archevêque de ce nom, qui vécut sur le siége de Reims depuis l’an 756 ou 753 (suivant le Gallia), jusqu’en l’année 811, ou 788, ou (suivant le Gallia) 794. Si, dans notre légende, Turpin joue un si grand rôle, c’est à cause de l’importance historique de son siége. Le vrai Turpin a d’ailleurs vécu longtemps sous Charlemagne, et survécu de plusieurs années au désastre de Roncevaux. (V. Flodoard, Hist. de l’Égl. de Reims, II, cap. xvii) ═ Nous n’avons pas davantage à traiter ici la question tant de fois controversée de la Chronique du Faux Turpin. Dans sa thèse De Pseudo Turpino (1865), M. G. Paris est arrivé, comme nous l’avons dit, à cette conclusion scientifique que « les cinq premiers chapitres ont été écrits, vers le milieu du xie siècle, par un moine de Compostelle », et que « les chapitres vi et ss. l’ont été, entre les années 1109-1119, par un moine de Saint-André de Vienne ». La même année, l’auteur des Épopées françaises (I, 70 et ss.) plaçait, avec moins de précision, cette célèbre Chronique à la fin du xie siècle ou au commencement du xiie. (Ceux qui voudraient lire la Chronique de Turpin en trouveront le texte au tome II du Philippe Mouskes de M. de Reiffenberg. M. A. de Saint-Albin vient de la traduire en français, à la suite de la Chanson de Roland ; Lacroix, 1865.) ═ Pour nous borner à étudier Turpin dans nos Chansons de geste, nous trouvons deux légendes fort différentes sur son origine et sa naissance. Suivant la Karlamagnus Saga (I, 26), il est de Rome, et c’est le Pape qui le laissa à Charles ; suivant Aspremont (Lavall., 123, f° 64), il est Français, et sorti de l’abbaye de Jumiéges pour monter sur le siége de Reims. Dist l’Apostoles : « Amis, dont estes né ? — D’outre les mons de France, lou regné. — Moines prisiés ai-jo lonc tancs esté, — En Normendie, soz Rouen la citéDedens Umièges... etc. » Il joue