Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/136

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Loin des cités, l’auberge et l’atelier des crimes,
Tu regardes, couché sous les grands lauriers verts,
Des Alpes tout là bas bleuir les hautes cimes.

Et penchant tes doux yeux sur la source aux flots clairs
Où flotte un blanc reflet de la robe de Laure ;
Avec les rossignols tu gazouilles des vers.

Car toujours, dans ton cœur, vibre un écho sonore,
Et toujours sur ta bouche on entend palpiter
Quelque nid de sonnets éclos ou près d’éclore.

Rêveur harmonieux, tu fais bien de chanter,
C’est là le seul devoir que Dieu donne aux poëtes,
Et le monde à genoux les devrait écouter.

Lorsqu’Amphion chantait, du creux de leurs retraites,
Les tigres tachetés et les grands lions roux
Sortaient en balançant leurs monstrueuses têtes.