Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Le froid me prit. Mes dents d’épouvante claquèrent ;
Mes genoux chancelants sous moi s’entrechoquèrent.
Je compris que le ver
Consommait son hymen avec la trépassée,
Éveillée en sursaut dans sa couche glacée,
Par cette nuit d’hiver.

la trépassée.

Est-ce une illusion ? Cette nuit tant rêvée,
La nuit du mariage elle est donc arrivée ?
C’est le lit nuptial.
Voici l’heure où l’époux, jeune et parfumé, cueille
La beauté de l’épouse, et sur son front effeuille
L’oranger virginal.

le ver.

Cette nuit sera longue, ô blanche trépassée,
Avec moi, pour toujours, la mort t’a fiancée ;
Ton lit c’est le tombeau.