Page:Gautier - La Comédie de la mort.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Pour l’œil qui peut plonger au fond du gouffre noir,
Mon royaume est superbe et magnifique à voir :
Des végétations étranges,
Éponges, polypiers, madrépores, coraux,
Comme dans les forêts, s’y courbent en arceaux,
S’y découpent en vertes franges.

Le frisson de mon dos fait trembler l’Océan,
Ma respiration soulève l’ouragan
Et se condense en noirs nuages ;
Le souffle impétueux de mes larges naseaux,
Fait, comme un tourbillon, couler bas les vaisseaux
Avec les pâles équipages.

Ainsi, vous avez tort de tant faire le fier ;
Pour avoir une peau plus dure que le fer
Et renversé quelque muraille ;
Ma gueule vous pourrait engloutir aisément.
Je vous ai regardé, Béhémot, et vraiment
Vous êtes de petite taille.