Pour en avoir le mot, courtisanes rusées,
J’ai pressé, sous le fard, vos lèvres plus usées
Que le grès des chemins.
Égouts impurs, où vont tous les ruisseaux du monde,
J’ai plongé sous vos flots ; et toi, débauche immonde,
J’ai vu tes lendemains.
J’ai vu les plus purs fronts rouler après l’orgie
Parmi les flots de vin, sur la nappe rougie ;
J’ai vu les fins de bal
Et la sueur des bras, et la pâleur des têtes
Plus mornes que la mort sous leurs boucles défaites
Au soleil matinal.
Comme un mineur qui suit une veine inféconde,
J’ai fouillé nuit et jour l’existence profonde
Sans trouver le filon.
J’ai demandé la vie à l’amour qui la donne,
Mais vainement ; je n’ai jamais aimé personne
Ayant au monde un nom.