dans l’Inde pour de longues années ? lui demanda-t-il enfin.
— J’ai l’idée, répondit Bussy, que ma destinée s’y accomplira, et, sans le connaître encore complètement, j’aime ce pays avec passion.
— Il ne vous dit pas tout, mon oncle, fit remarquer Kerjean, il parle le tamoul couramment et, je crois, aussi le persan.
— Vraiment ! s’écria Dupleix, en jetant encore sur Bussy un regard brillant d’espoir ; voilà ce que je n’ai pu obtenir d’aucun de mes officiers, pas même de ce paresseux de Kerjean.
— Ah ! mon oncle ! je me battrai tant que vous voudrez, je verserai tout mon sang pour vous avec joie, mais ne me demandez pas d’apprendre quelque chose. J’ai toujours été un mauvais écolier.
— Oui, je sais ; très brave, très dévoué, mais une mauvaise tête, folle de plaisir, dit Dupleix avec un sourire indulgent.
— Que voulez-vous, la jeunesse n’a qu’un temps ! soupira Kerjean.
— Allons, je dois vous quitter, dit le gouverneur en se levant ; j’ai quarante personnes à recevoir. Ah ! j’aurai quelque peine à leur faire bon visage.
— Seriez-vous souffrant ?
— Non, mais inquiet et d’humeur fort sombre.
— Quelque malheur nouveau menace-t-il la colonie ? demanda vivement Kerjean ; vous ne nous dites rien de Madras ; nos amis sont-ils enfin libres ? La Bourdonnais est-il dompté ?
— Je suis écœuré de la conduite de cet homme, dit