Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/145

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Madras. Il va s’établir à Saint-Thomé et camper sur le bord de la petite rivière de l’Adyar, que Paradis doit traverser.

— S’il croit surprendre mon vieil ingénieur, il se trompe fort, dit Dupleix ; il sera prévenu à temps. Qu’un courrier parte sur-le-champ et que les relais soient doublés. D’Espréménil a déjà l’ordre de marcher à la rencontre de Paradis et de le joindre à tout prix ! Maintenant j’ai confiance, messieurs ; si Dieu ne m’abandonne, c’est ici même que l’orgueilleux nabab, qui nous considère comme une poignée de barbares, sera terrassé.

Et il posa le doigt sur un point de la carte.

Un grand bruit se faisait entendre au dehors, la foule avait envahi la cour d’honneur, sur les pas du porteur de nouvelles, et, pleine d’impatience, vociférait.

— Ne soyons pas égoïstes, dit le gouverneur en ouvrant toute grande une des fenêtres.

Il fit un signe, et un profond silence s’établit aussitôt. Alors Kerjean lut la lettre de d’Espréménil, d’une voix haute et claire.

Une immense acclamation s’éleva, lorsqu’il eut fini, les mains battirent, les chapeaux volèrent au cri de : Vive la France ! vive notre grand gouverneur !

— Vive le roi ! cria Dupleix en se découvrant. Puis il quitta la fenêtre, pour recevoir les membres du conseil qui venaient le féliciter.