Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Avec cinq cents Français, j’irais braver le Grand Mogol lui-même dans Delhi !

Les tentes étaient dressées sur de charmantes pelouses, à l’ombre de grands tamariniers, près de clairs ruisseaux, circulant dans l’herbe, où des gazelles et des daims familiers venaient boire.

Naïk pénétra doucement sous la tente où Bussy se reposait en rêvant.

— Maître, dit-il, un Hindou est là qui vient pour toi.

— Amène-le, s’écria le marquis avec un sursaut de joie.

— Il refuse d’entrer.

Bussy se leva et sortit de la tente.

Il vit un homme noir de visage, vêtu d’une longue chemise blanche à manches étroites et coiffé d’un turban blanc.

— C’est toi qui es Charles de Bussy ? dit cet homme.

— C’est moi.

— Eh bien ! ce soir, ici, après le soleil couché, attends-moi.

— Je t’attendrai, répondit Bussy.

Rapidement l’homme s’éloigna.

— Naïk, dit le marquis, prépare mon portemanteau pour un voyage de quelques jours, et fais seller mon meilleur cheval, tandis que je vais trouver notre commandant, pour obtenir un congé.

— Je pars avec toi, maître ?

— Y penses-tu ? Quand une femme m’attend, vais-je emmener une escorte ?