Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/266

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par Hussein, ayant été pris à Delhi, par Nadir-Schah, et emporté en Perse.

Les nababs avaient chacun une armée distincte, avec ses éléphants, son artillerie, ses bannières, qui s’avançait après celle du Soubab.

On marcha ce jour-là, rapidement, presque jusqu’au coucher du soleil, puis les timbales et les tambours donnèrent le signal de la halte.

Alors, avec une promptitude qu’il est impossible de s’imaginer, dans la vaste plaine nue, où l’on s’était arrêté, comme si un magicien l’eût fait surgir d’un coup de baguette, apparut une cité, joyeuse et animée.

Des rues larges allongèrent leurs perspectives, bordées de boutiques, dans lesquelles étaient étalées, de la façon la plus tentante, toutes les marchandises imaginables : des étoffes précieuses, des écharpes de cachemire, des tapis, des selles brodées, des harnais, des armes. Toutes les professions étaient représentées et les artisans déjà à l’ouvrage ; on voyait des pâtissiers, des confiseurs, des armuriers, des cordonniers et des tailleurs, même des orfèvres et des joailliers, occupés de leur métier ; dans des boutiques, on vendait des boissons chaudes, des liqueurs ou des sorbets ; dans d’autres, des plantes médicinales, des drogues et des charmes pour guérir. Il y avait des carrefours, des places, sur lesquelles des jongleurs, des charmeurs de serpents, des faiseurs de tours, émerveillaient la foule ; on entendait bourdonner des musiques, accompagnant des voix aiguës. Par groupes, passaient des bayadères, charmantes sous leur