Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/277

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ils abritaient les femmes, étincelantes de pierreries, mais soigneusement voilées. C’étaient les deux cents hourris du Zénanah, escortées par une garde de cinq cents jeunes filles, vêtues en guerrières, armées de lances, et montées sur des chevaux blancs.

Elles passent, et la famille royale approche. Voici l’épouse favorite, et les enfants mâles du roi, sous un tendelet de brocart d’or, brodé de pierreries, porté par un éléphant que couvre une housse couleur d’azur ; les princes : frères, oncles ou neveux du souverain, viennent ensuite, et parmi eux, Salabet-Cingh, soucieux et pâle, mais d’une extrême beauté, sous l’écharpe de gaze lamée d’or, qui lui entoure le front, et dont un bout retombe sur son épaule. Puis les nababs, les rajahs, les grands vassaux.

Au tonnerre du canon, qui ne cesse pas, se mêle tout à coup le bruit cuivré des musiques, et, dans des nuées bleuâtres, floconnant hors des cassolettes où brûlent l’encens, le musc, l’ambre et l’aloès, apparaît confusément, sur un éléphant gigantesque, le houdah royal, en or massif, au dôme constellé de rubis, de topazes et de diamants, d’où jaillissent d’aveuglants faisceaux de rayons. Mouzaffer-Cingh, majestueux et calme, resplendit sourdement sous le mystérieux voile des fumées odorantes, ainsi qu’un astre, s’enveloppant de nuages pour ne pas éblouir les mortels. L’éléphant qui le porte a la trompe et le front ornés de tatouages d’azur et d’or, autour de ses défenses des cercles pavés de turquoises, des bracelets aux jambes, et une couronne sur le front, surmontée d’un bouquet de plumes ; son caparaçon, dont la frange