Page:Gautier - La Conquête du paradis.djvu/287

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Rugoonat causaient avec animation, isolés de la foule par des gardes et des pages. Un troisième personnage, un interprète, se tenait debout auprès d’eux.

Dès que Bussy parut, on donna l’ordre de le laisser approcher, et Arslan, lui serrant rapidement la main, le quitta.

— Mon cher Hadji-Abd-Allah, dit Dupleix à l’interprète, je vous rends la liberté, vous pouvez aller courir le bal et vous divertir. Voici quelqu’un qui vous relève de garde.

Et, avec empressement, il fit quelques pas au-devant du marquis, lui tendit les deux mains, puis l’embrassa affectueusement.

— L’on vous voit donc enfin, cher enfant ! dit-il, vous dont tout le monde parle, que tous les regards cherchent et qui, si modestement, vous dérobez à vos succès ! Venez vite ; le grand vizir, un personnage extrêmement remarquable et en qui j’ai toute confiance, a le plus grand désir de vous connaître.

— Il me connaît, dit Bussy, qui vint saluer Rugoonat Dat en lui rendant l’hommage hindou de l’andjali. Ah ! mon père, s’écria-t-il, combien je suis heureux de pouvoir enfin vous demander mon pardon des torts qui, depuis si longtemps, pèsent sur mon cœur !

— D’un mot, j’allégerai ton cœur, mon fils, dit le brahmane, cette colère qui te poussa à me dire ces dures paroles, que tu te reproches aujourd’hui, a eu la plus heureuse influence sur ma destinée.

Bussy s’étonnait, le brahmane reprit :

— À travers leur violence même, tes paroles hau-