— Pourquoi tenais-tu si fort à savoir la langue des Hindous ?
— Pour mieux servir mon roi, qui m’envoie dans leur pays défendre notre commerce contre l’insolence anglaise.
Le brahmane baissa la tête comme pour se recueillir ; puis releva vivement son regard brillant sur le jeune homme que cet interrogatoire commençait à agacer.
— Dans ton pays, que l’on dit barbare, reprit-il, avez-vous quelque idée des castes ?
Bussy ne put retenir un sourire moqueur.
— Mon pays n’est point aussi barbare que vous le supposez, répondit-il, et notre noblesse vaut au moins la vôtre.
— Alors dis-moi quelle est ta caste ? mon fils, demanda le brahmane avec une douce gravité.
Le blessé se souleva sur la main droite et répondit fièrement avec un commencement de colère :
— Je suis marquis, en France, ce qui correspond, puisque cela vous intéresse, à votre caste des kchatrias ; mais il me semble que j’ai assez répondu à vos questions ; à votre tour de répondre aux miennes. D’abord, où suis-je ? Puis, ne reverrai-je pas bientôt la femme que j’ai eu le bonheur de sauver ? Est-elle sans blessures ? Qui est-elle ? Et quel est son nom ?
Le brahmane avait échangé des regards avec le médecin, occupé à préparer une potion, tandis que le jeune homme parlait. Il y eut un moment de silence lorsque celui-ci se tut.
Le brahmane enfin reprit la parole.