un démon, frictionnant toujours, en renouvelant souvent les feuilles.
— Voyez, voyez ! s’écria-t-il après une heure de ce manège, la peau rougit et devient moite.
— Voilà qui serait merveilleux ; nous avons, sans résultat, tout essayé pour obtenir la transpiration.
— Vous n’avez pas fait ce qu’il fallait : à un poison il fallait opposer un autre poison.
— Il est certain qu’une légère moiteur assouplit la peau, dit le médecin au comble de la surprise, en touchant le bras du malade.
— Eh bien, puisque tu ne me crois plus aussi fou, à ton tour de frictionner, je n’ai plus de force ; légèrement maintenant, et moins vite.
Le médecin obéit, prit la place de Sata-Nanda, qui lui passa une poignée de feuilles.
Alors le fakir se fit donner une coupe et y versa le contenu d’un de ses flacons, puis quelques gouttes d’un autre, les mesurant avec le plus grand soin.
— C’est encore un poison, dit-il.
— Mais le malade est hors d’état de rien avaler ; depuis hier il refuse toute boisson.
— Il prendra celle-ci.
Sata-Nanda s’approcha du marquis, dardant sur lui son regard fixe :
— Bois ceci, mon fils, je le veux, dit-il d’une voix impérieuse.
Sans ouvrir les yeux, Bussy fit un effort pour soulever sa tête.
Lentement, le fakir lui fit vider toute la coupe.