Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/326

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même, nous aimerions mieux, dans ce sens, trop que trop peu. Nous voulons donc notre gentleman bien lavé, bien brossé, bien peigné, l’ongle net, la dent pure, le cheveu luisant, sa raie bien faite, le tout sans excès de pommade ou de frisure, élégances qui sentent le réfugié italien et le marchand de contre-marques ; ayant dans son cabinet plus d’aiguières que de flacons d’odeur ; à peine lui permettons-nous un vague parfum d’iris dans son linge. Tout ce soin doit être voilé, et l’aspect agréable qui en résulte, paraître provenir de la nature même ; rien de prétentieux, d’outré, d’efféminé : il faut qu’à l’aspect du parfait gentleman, on se sente charmé sans savoir pourquoi.

Chez lui se trouve le confortable uni au goût ; pas d’entassement de meubles de Monbro, de porcelaines et de babioles coûteuses. D’épais tapis et des tentures de couleurs sobres ; dans une étagère, quelques bons livres antiques et modernes reliés par Simier ; à la muraille, quelques gravures de grands maîtres, épreuves de prix dans un cadre simple ; une pendule tout unie à cadran de nielle, surmontée d’une coupe de bronze ; un service invisible, mais discret et toujours présent ; peut-être, dans le cabinet, mais cela est douteux et ne peut être risqué que par le parfait