mort, et une douzaine de blessures ayant quelque gravité. C’est trop sans doute ; mais il faut penser que les courses ont lieu pendant six mois, et presque toutes les semaines dans beaucoup de localités. Si l'on mar- quait ce qu’il y a, en France, d’écuyers, d’acrobates et de faiseurs de tours qui se rompent le cou, l’on arriverait à un chiffre bien plus élevé. Ferdinand VII, "el rey neto", grand amateur de courses, avait fondé à Séville un conservatoire de "toromaquia", où des élèves choisis étaient dressés, aux frais du gouvernement, à tuer les taureaux d’après les règles de l’art et avec les finesses les plus exquises. On commence d’abord par exercer les élèves sur un taureau de carton, auquel ils détachent des esto- cades, à peu près comme lorsqu’on tire le fleuret au mur. Quand ils ont acquis assez de précision et qu’ils touchent fréquemment les bonnes places (derrière les cornes, à la racine du cou, ou entre les deux épaules), on les met face à face dans l’arène avec de jeunes taureaux de deux ou trois ans qu’on nomme "novillos" ; l’extrémité de leurs cornes est garnie de
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