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Page:Gautier - La Peau de tigre 1866.djvu/78

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VI


Petit-Pierre se rendit chez madame d’Escars, et bientôt des relations assez fréquentes s’établirent entre eux. L’esprit naïf et droit, enthousiaste et sensé à la fois de Petit-Pierre, que nous appellerons ainsi jusqu’à la fin de cette histoire pour ne pas divulguer un nom devenu célèbre, plaisait infiniment à madame d’Escars, qui n’avait pas reconnu dans le jeune artiste le petit pâtre qui lui avait servi de modèle.

Cependant, dès la première visite, elle avait eu quelque vague souvenir d’avoir vu cette physionomie ailleurs.

Madame d’Escars n’avait pas dit à Petit-Pierre qu’elle-même dessinât, car elle n’avait aucune hâte de faire montre des talents qu’elle possédait. Un soir, la conversation tomba sur la peinture, et madame d’Escars avoua, ce que Petit-Pierre savait fort bien, qu’elle avait fait quelques études, quelques croquis qu’elle lui