Bussy est heureux ; on marche sur Arcate, on se rapproche de Bangalore.
C’est le comte d’Auteuil qui commande l’expédition ; de La Touche et Bussy sont sous ses ordres, mais ce dernier a seul les instructions secrètes. Chanda-Saïb, dès leur arrivée, les a reçus avec enthousiasme ; il a fait présent, à chacun des trois chefs, d’un superbe éléphant, avec son mahout et son harnachement ; c’est donc dans un houdah brodé, que le marquis est couché commodément, sommeille, rêve, ou cause avec son ami Kerjean, à qui il a offert l’hospitalité.
— On finit par se faire, à ce bercement un peu rude, lui dit-il. On dirait une nourrice qui secoue son marmot pour le forcer à dormir.
— Les premiers moments m’ont paru abominables, dit Kerjean ; mais c’est vrai, on s’y habitue, cela finit même par devenir agréable, Savez-vous qu’il est magnifique votre éléphant !
— Je crois bien, et il a une physionomie très intelligente ; je l’aime déjà. Comment vais-je l’appeler ?
— Ajax ou Alexandre.
— Pourquoi ?
— Puisqu’il va à la guerre.
— Pas de son plein gré. Non, quelque chose d’Hindou plutôt. Voici, je l’appellerai : Ganésa.
— Qu’est-ce que Ganésa ?
— Le dieu de la sagesse, et ce dieu a une tête d’éléphant.
— Parfait. Appelons-le Ganésa. Voilà tout de même un singulier cadeau : un éléphant plus un