Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/167

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aura accompli quelque action d’éclat, je te la présenterai.

— Je ne devine pas tes projets, dit Fidé-Yori, mais je suis sûr que tu ne feras rien que de noble et d’héroïque. Va, ami.

Le prince de Nagato rentra dans son palais, il y trouva rassemblés une vingtaine de samouraïs, ses vassaux, qui venaient se mettre à ses ordres.

— Tenez-vous prêts à partir, leur dit le prince, réunissez vos serviteurs et préparez vos bagages ; je vous ferai savoir mes volontés avant le coucher du soleil.

Nagato remonta dans ses appartements ; mais, à mesure qu’il en approchait, un singulier tapage frappait son oreille.

— Que se passe-t-il donc chez moi ? murmura-t-il.

Il se hâta et pénétra dans la salle voisine de sa chambre.

Il s’aperçut alors que c était le jeune Loo qui causait à lui seul tout ce bruit. Il était armé d’un sabre ébréché et tournait autour d’un paravent illustré de guerriers grands comme nature. Loo frappait du pied, poussait des cris étranges, insultait ces guerriers immobiles et les transperçait impitoyablement de son sabre.

— Qu’est-ce que tu fais là ? s’écria le prince moitié fâché, moitié riant.

Loo, à la vue de son maître, jeta son arme et se précipita genoux.

— Qu’est-ce que cela signifie ? reprit Nagato ; pourquoi mets-tu ce meuble en pièces ?

— Je m’exerçais la guerre, dit Loo d’une voix qu’il s’efforçait de rendre larmoyante. Ça, ajouta-t-il en