Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/204

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passa ainsi. On travailla aussi la nuit, mais le lendemain matin on aperçut un fourmillement lumineux sur la côte de Soumiossi.

C’était l’armée du général Harounaga.

Ce beau guerrier, de son côté, était assez embarrassé. Il ne savait que résoudre devant cet ennemi séparé de lui par la mer. La flotte de guerre appareillait à Osaka ; elle n’était pas prête à partir encore ; s’il lui fallait l’attendre pour attaquer, l’ennemi pouvait lui échapper.

Harounaga fit camper ses troupes au bord de la mer, puis on dressa sa tente et il s’y enferma pour méditer.

Pendant ce temps, les soldats lancèrent quelques flèches du côté de l’île, en manière de salut ; elles tombèrent dans l’eau, l’île étant hors de portée.

Cependant, vers le milieu du jour, une flèche habilement lancée vint tomber devant la tente de Harounaga, elle se ficha en frémissant dans le sable.

Un papier était attaché aux plumes de la flèche, que l’on arracha du sol pour la porter au général.

Harounaga déploya le papier et lut ceci :

« Prépare-toi à l’attaque. L’ennemi est en ton pouvoir. Je lui ai ôté les moyens de fuir. Je te fournirai à toi le moyen d’arriver jusqu’à lui. »

Ce billet n’était pas signé.

Le général sortit de sa tente et regarda la mer.

Un bateau de pêche passa lentement entre l’île de la Libellule et la côte de Soumiossi.

— De qui peut venir ce billet ? se disait Harounaga. Se moque-t-on de moi ? Est-ce ce vulgaire bateau que l’on me propose pour transporter toute mon armée ?

Mais, à mesure qu’il regardait, d’autres bateaux ap-