Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/209

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la gorge et, d’un seul coup net, frappé sur le dos de la lame, trancha l’artère ; sa tête tomba sur sa poitrine, au milieu d’un flot de sang.

— Cette action te relève à mes yeux, dit Nagato, qui fut peut-être encore entendu par le mourant.

— Qu’on ensevelisse ce guerrier, dans l’île, avec la pompe que son rang comporte, dit Harounaga.

On releva le corps de Sandaï.

— À présent, dit le prince, je vais prendre un peu de repos, je commence à me souvenir que j’ai passé toute la nuit à courir sur la mer, et que mes yeux ne se sont pas fermés une seconde. La victoire est aussi complète que possible ; il ne te reste, Harounaga, qu’à établir une communication entre Soumiossi et l’île que tu as conquise ; tu peux le faire à l’aide de radeaux formant une sorte de pont. Expédie des messagers à Fidé-Yori, occupe l’île et les côtes, surveille la mer et attends de nouveaux ordres d’Osaka.

— Merci de ces précieux conseils, dit le général ; le véritable vainqueur, c’est toi me permets-tu de le faire savoir à notre bien-aimé seigneur ?

— Non, dit le prince, fais-le annoncer seulement à Hiéyas, je tiens à ce que mon nom retentisse à son oreille comme une menace.

Le prince de Nagato s’éloigna.

La nuit vint, tranquille et tiède, puis elle s’écoula et le jour reparut.

Alors le général Harounaga sortit de sa tente, il demanda si le prince était éveillé il s’habituait à prendre ses ordres et ses conseils, cela lui évitait la fatigue de penser : il avait mille choses à lui demander.

On s’approcha de la tente qui avait été dressée pour Nagato, elle était entr’ouverte ; on regarda à l’intérieur, le prince n’y était pas.