Les soldats tentèrent une sortie ; ils descendirent le chemin qui s’enroulait comme un ruban à la colline, et s’approchèrent du fossé. Pour gagner l’endroit où les ennemis travaillaient, il fallait quitter le chemin, abrité par un double rang de cyprès, et marcher sur l’herbe glissante, qui tapissait la pente roide de la colline. Les soldats s’y efforcèrent, mais ils étaient mal à l’aise pour tirer, tandis qu’ils s’offraient comme des cibles aux coups de leurs adversaires. Les blessés roulaient, et tombaient dans le fossé.
Ils renoncèrent, et rentrèrent dans les murs. Les assaillants achevèrent leur travail sans être inquiétés ; ils firent une chaussée assez large qui rejoignait le pied de la colline et sur laquelle l’armée put passer.
On donna l’assaut.
Le château fit une résistance héroïque ; il refusa de capituler. Sur ses murs croulants, les assiégés se défendaient encore. Il fut envahi. Les vainqueurs ouvrirent les portes, on abaissa les ponts, et le prince de Toza pénétra dans le château de Nagato au son d’une musique triomphale.
Dans la première cour où il entra, le spectacle qui frappa ses yeux l’impressionna désagréablement.
On n’avait pas eu le temps d’enterrer les morts ; on les avait réunis dans cette cour. Assis à terre, adossés à la muraille ; Ils étaient là une centaine ; avec leur face verte, leur bouche et leurs yeux grands ouverts, leurs bras pendants : ils étaient terribles.
Le prince de Toza s’imaginait qu’ils le regardaient et lui défendaient d’entrer. Comme il était superstitieux, il fut sur le point de rebrousser chemin.
Il domina vite cette faiblesse cependant, pénétra dans une salle du palais et ordonna qu’on amenât de-