Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/241

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taisait lui-même il devait avoir de graves raisons pour agir ainsi.

— Je te jure que tu seras vengé d’une façon éclatante, s’écria-t-elle, c’est l’épouse du prince de Nagato qui fait ce serment et elle le tiendra.

— Merci, divine princesse, dit le condamné, toi, le seul regret que puisse laisser le monde que je quitte ; dis à mon maître que je suis mort gaiement pour lui, en voyant dans la rage mal assouvie de mon bourreau une preuve de notre supériorité et de notre gloire future.

— Tu ne parleras plus, s’écria le prince de Toza en faisant un signe au bourreau.

La tête de Sado fut tranchée d’un seul coup.

Un flot de sang inonda la natte blanche. Le corps tomba.

Fatkoura n’avait pu retenir un cri d’horreur.

Les samouraïs détournaient la tête en fronçant le sourcil. Ils s’éloignèrent après avoir salué silencieusement le prince de Toza.

Celui-ci, plein de colère et de honte, alla s’enfermer dans son palais.

Le soir même, un messager, portant une tête sanglante, enveloppée de soie rouge et enfermée dans un sac de paille, quitta le château de Toza.