Ils tentèrent de se replier vers le souterrain.
— Nous sommes trahis ! crièrent-ils à leurs compagnons. N’avancez pas, fuyez.
— Oui, traîtres, vos menées sont découvertes, dit Yoké-Moura, et vous avez creusé vous-mêmes votre tombe.
Tous ceux qui étaient sortis du souterrain furent massacrés. Les cris des mourants emplissaient le palais.
On courait avec des lumières. Fidé-Yori vint lui-même entre deux haies de serviteurs portant des torches.
— Voici ce que je cherchais, maître, lui dit le général en lui montrant l’ouverture béante. Crois-tu maintenant que j’aie bien fait de ne pas quitter la forteresse ?
Le siogoun était muet de surprise à la vue du danger qu’il avait couru.
— Personne ne sortira plus vivant de là ! s’écria le général.
— Mais ils vont fuir, je pense, par l’autre issue, dit Fidé-Yori.
— Tu étais surpris tout à l’heure de l’immobilité d’Aroufza dans la plaine : il attendait que la meilleure partie de l’armée ennemie fût entrée dans ce chemin pour fermer la porte sur eux.
— Ils sont perdus alors ! dit le siogoun. Pardonne-moi, le plus brave de mes guerriers, d’avoir un instant douté de toi, mais pourquoi ne m’as-tu pas prévenu de ce qui allait se passer ?
— Maître, dit le général, les espions sont partout : il y en a dans la forteresse, dans ton palais, dans ma chambre. Un mot surpris, et ils étaient prévenus. Au moindre bruit, l’oiseau qu’on voulait prendre s’envole.