remette en vigueur la loi qui ordonne l’extermination de tous les chrétiens.
Un singulier brouhaha se produisit dans l’assemblée, mélange d’approbation, de surprise, de cris d’horreur et de colère.
— Veux-tu donc voir revenir les scènes sanglantes et hideuses dont l’épouvante est dans toutes les mémoires ? s’écria le prince de Sataké avec sa vivacité accoutumée.
— Il est étrange d’affirmer que de pauvres gens qui ne prêchent que la vertu et la concorde puissent troubler la paix d’un pays, dit Nagato.
— Le daïmio parle bien, dit le prince de Satsouma ; il est impossible que les bonzes d’Europe aient aucune influence sur la tranquillité du royaume. Il est donc inutile de les inquiéter.
Mais Hiéyas s’adressa directement à Fidé-Yori.
— Maître, dit-il, puisque l’on ne veut pas partager mes inquiétudes, il faut que je t’apprenne qu’un bruit terrible commence à circuler parmi les nobles, parmi le peuple…
Il se tut un moment pour donner plus de solennité à ses paroles.
—… On dit que celui qui est encore sous ma tutelle, que le chef futur du Japon, notre gracieux seigneur Fidé-Yori, a embrassé la foi chrétienne.
Un grand silence succéda à ces paroles. Les assistants échangeaient des regards qui disaient clairement qu’ils avaient connaissance de ce bruit qui peut-être était fondé.
Fidé-Yori prit la parole.
— Est-ce donc sur des innocents qu’il faut se venger d’une calomnie répandue par des personnes malintentionnées ? dit-il. J’ordonne que les chrétiens ne soient